La santé sexuelle et reproductive : un défi pour les adolescents(e)s et jeunes
Ils se sont rencontrés. C’était la toute première fois. Leur brillante réussite au baccalauréat fut sublimée par une bourse inespérée dans l’une des plus prestigieuses écoles universitaires du pays. Deux grands esprits au parcours presque identique. Leur adolescence, ils l’avaient passée rien qu’à étudier, en témoignent leurs performances académiques qui suscitent admiration et jalousie. Tayé et Bola étaient denses et immenses.
Dès qu’ils se sont connus, ils commencèrent à s’apprécier. Bola était du genre réservé et Tayé avait l’air d’un jeune homme hésitant. Mais cela ne fut pas un handicap à l’expression de leurs sentiments distingués. Des jours, des semaines, des mois sont passés et le temps fit son effet. Les deux tourtereaux s’étaient davantage attachés. Alors, viendra le moment où ils décidèrent de goûter aux saveurs du précieux fruit encore mystérieux.
Bien que doués, Tayé et Bola étaient encore profanes dans le domaine de la sexualité. Issus de familles modestes, tous deux provenaient de milieux défavorisés. Pour leur première, ils comptaient simplement recontextualiser les séquences enflammées qu’ils visualisaient pendant leur soirée cinéma. Mais, c’était sans savoir que cette aventure lubrique tournerait au cauchemar. En effet, Bola tomba enceinte. N’ayant pas terminé l’année, elle échoua et perdit sa bourse. Quant à Tayé, il dut abandonner aussi les cours pour “jobber” afin de répondre à ses inattendues obligations de père précoce. Ainsi ont basculé les vies de Tayé et de Bola pourtant prédestinées à un avenir radieux.
Le droit à la santé sexuelle et reproductive, un droit pas toujours effectif
Dans certains coins du monde et au Bénin en particulier, beaucoup de jeunes se retrouvent dans des situations similaires à celle de Tayé et Bola. Pas informés et vulnérables, ils sont exposés à des maladies/infections sexuellement transmissibles et aux risques de grossesses inattendues. Ce qui les contraint généralement à l’abandon des classes, à l’avortement clandestin, etc. Rien que pour ces maux, des rêves sont brisés, des espoirs sont douchés et souvent, des vies sont arrachées.
La santé sexuelle et reproductive, un droit universel à garantir et protéger
La santé sexuelle et reproductive (SSR) est un concept développé par l’OMS. Elle l’a définie comme un état de « bien-être physique, émotionnel, mental et social en matière de sexualité.” Dit autrement, la SSR concourt à assurer à l’Homme une vie sexuelle et reproductive épanouissante qui répond à ses besoins et aspirations. À ce jour, la SSR demeure un point crucial de développement.
D’ailleurs, elle figure parmi les 17 objectifs de l’agenda 2030 plus précisément aux points trois et cinq. Cette prise en compte des questions liées à la SSR vient témoigner du lien qui existe entre la santé reproductive, les droits humains et le développement durable. À ce propos, l’UNFPA (Fonds des Nations unies pour la population) souligne que l’absence de réponse aux besoins liés à la santé sexuelle et reproductive induit les jeunes à opérer des choix imprudents qui affectent durablement leur bien-être. Pour anticiper donc des situations de ce genre, il convient de démocratiser le débat sur la santé sexuelle et reproductive et surtout de faciliter aux personnes dans le besoin l’accès à des informations exactes sur les diverses questions liées à la SSR.
Assurer un accès libre et équitable aux informations sur la SSR et à des soins de qualité
Une sexualité satisfaisante passe d’abord par un accès équitable à des informations exactes sur la SSR et à des soins de qualité. Malheureusement, cela n’est pas toujours effectif et pour plusieurs raisons. On note essentiellement ici les restrictions légales, la précarité de la vie dans les milieux défavorisés, l’inexistence ou l’inadéquation des centres de santé. Dans ces cas, la plupart des jeunes recourent à l’internet pour s’auto éduquer. Ce qui n’est pas sans conséquence. Tayé et Bola auraient sans doute atteint leur plein potentiel, mais hélas !
En 2017, Médecins du monde a recommandé que les « jeunes aient accès dès l’adolescence à des informations sur leurs droits, les méthodes de contraception, les maladies sexuellement transmissibles et les services de santé disponibles ». Cela est d’autant nécessaire dans notre contexte béninois où « les questions de santé reproductive sont au premier plan des causes de problèmes sanitaires et de décès parmi les femmes et les filles en âge de procréer. »
Selon les estimations, 20 000 filles âgées de moins de 18 ans deviennent mères chaque jour, soit 7,3 millions de naissances par an. Par ailleurs, si nous considérons les 270 millions de femmes qui n’ont pas encore accès à des méthodes de contraception efficaces dans le monde, il a raison de croire que les chiffres explosent les prochaines années. Il est donc plus qu’urgent de faire de l’accès équitable à l’information et aux services de SSR de qualité une réalité palpable. De plus, il serait largement profitable d’impliquer les parents dans le processus éducationnel à la sexualité notamment dans les milieux ruraux.
Au Bénin, les besoins en éducation à la santé sexuelle et reproductive vont connaître un boom
Les chiffres témoignent déjà de la forte concentration de jeunes dans cette population et projettent l’accroissement de leur effectif dans les prochaines années. Cela suppose que les besoins des adolescents(e)s et jeunes du Bénin en matière d’éducation à la santé sexuelle et reproductive vont sensiblement augmenter. Raison de plus pour redéfinir les politiques pouvant permettre de les satisfaire. Pour la réussite de cette entreprise, il serait, entre autres, utile de renforcer les compétences des éducateurs et des soignants.
Les avantages de l’effectivité des droits à la santé sexuelle et reproductive vont bien au-delà du domaine de la santé. « Les femmes et les adolescentes émancipées et à même d’exercer leurs droits et d’agir sur leur vie ont plus de chances de poursuivre leurs études, de mener une carrière et de participer à la vie publique. » Aussi, sont-elles plus en mesure « d’investir dans la santé et l’éducation de leurs filles ». Ce qui contribue à « réduire les inégalités de genre ».
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