Lecture : « Le Royaume des damnés », de Niyi Mayowa

Avez-vous déjà visité « Le Royaume des damnés » ? Je suppose que non. Enfin, Oui. Certains d’entre vous ont l’air d’être membres de cette communauté. Paradoxalement, ce Royaume n’a pas un souverain, mais un président. J’ai même une question à ce propos. Pourquoi jusqu’ici personne d’entre vous ne s’est levé pour dénoncer cette incohérence ? Ah, d’accord ! Ici au Royaume, vous ne vous attardez pas sur ces choses. Quelques espèces sonnantes et trébuchantes suffisent pour entamer votre conscience. Bref, je vous aurais compris.

Chers lecteurs, soyez les bienvenus au Royaume des damnés. Si vous le désirez, sentez-vous comme chez vous. Eh bien, certains pourraient se demander à qui je m’adresse dans le précédent paragraphe. En réalité, il s’agit de la substance d’une discussion que j’ai menée avec un groupe de personnages rencontrés au cours de la lecture de ce roman. Comme vous pouvez le remarquer, ils sont visiblement de cette époque. En effet, « Le Royaume des damnés » est un roman écrit par le jeune auteur béninois Niyi Mayowa et publié en décembre 2020 aux éditions Savanes du continent. Long de 136 pages et comportant 21 chapitres, cette œuvre réaliste vient placer chaque citoyen devant son incontournable responsabilité face aux maux qui gangrènent la société.

Que retenir du titre de cette œuvre ?

Contrairement à ce que pourrait croire tout lecteur au premier contact de ce roman, le « Royaume des damnés » renvoie à tout, sauf à une monarchie au sens propre du thème. En réalité, ce titre est choisi dans un contexte précis pour faire référence à la situation, aux conditions et aux comportements d’un peuple dans une société moderne bien déterminée. Il s’agit donc des réalités de la vie dans un État réel et non dans un royaume imaginaire. « Le royaume des damnés » est la conséquence des actes et faits du peuple de cet État. Un peuple qui se victimise, qui est pessimiste et qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez. En quelques mots, un peuple qui s’est lui-même damné.

Ce que vous découvrirez dans cette œuvre

« Le Royaume des damnés » est cette œuvre romanesque qui renvoie son lecteur dans un univers où tout va de travers. Promesse perfide, souffrance, misère, injustice, corruption, violence, infidélité, déception, dépression. Dans sa démarche réaliste, l’auteur transpose par sa plume les réalités de son temps, telles quelles sont, sans les maquiller.

Déjà, le décor de la première de couverture de ce roman est frappant. On voit se tenir à l’entrée d’une case sombre, aux murs fissurés un gamin sale et mal vêtu, le visage tourné vers l’avenir. Un avenir incertain. Cette image est indicatrice des conditions précaires de vie de la majorité des habitants au « Royaume des damnés ». Par ailleurs, en haut sur la quatrième de couverture de cette œuvre, il y a ce court dialogue. Deux jeunes qui échangent à propos du candidat pour qui voter. L’un qui décide d’accorder son suffrage pour celui qui s’est montré le plus généreux et l’autre pour celui chez qui il a reçu de l’argent en dernier. En effet, c’est l’une des désolantes réalités socio-politiques abordées dans ce roman. Au royaume des damnés, l’argent est la mesure de tout et tout procède presque par lui.

« Le Royaume des damnés » est une compilation de deux histoires mises en parallèle pour satisfaire un seul objectif. Lever le voile sur les vices d’une société au sein de laquelle l’illimité est constamment troqué contre le temporel et où l’échec est synonyme de fin. Cette dernière réalité est perceptible dans la conduite du personnage Olola Olaidé, qui perdit tout moral suite à son licenciement au poste de Directeur de Cabinet de la présidence. N’eût été l’ingénieuse idée de Sènan, son épouse, il aurait définitivement sombré.

Par ailleurs, vous trouverez dans ce roman des descriptions d’évènements, de lieux réels et de personnages inspirés par la réalité. Le tout pour permettre aux lecteurs de se projeter dans les différents univers décrits et de sentir de façon vivante tout ce qu’il y a à l’intérieur et au-delà des mots utilisés par l’auteur.

Comment et où se procurer cette œuvre ?

Vous l’avez peut-être constaté. Je me suis gardé de spoiler ceux qui n’ont pas encore lu ce roman. D’ailleurs, je vous le recommande vivement. Si vous êtes au Bénin, pour vous procurer cette œuvre, rendez-vous à la librairie de la SONAEC. Ou alors, dirigez-vous vers le siège du journal Le Révélateur situé sur le campus d’Abomey-Calavi, cabine 11. Par ailleurs, si vous vivez hors du Bénin, et que vous désirez avoir ce roman, il vous suffira de laisser un message à cette adresse (niyimayowa97@gmail.com) pour recevoir l’ouvrage en version électronique.