Au Bénin, la pénurie de denrées alimentaires s’installe

Article : Au Bénin, la pénurie de denrées alimentaires s’installe
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18 juin 2021

Au Bénin, la pénurie de denrées alimentaires s’installe

Il est admis qu’il faut manger pour vivre. Mais au Bénin, il faut croire que les biens de consommation ne l’entendent plus de cette oreille. Actuellement au 229, vous pouvez voir des gens marchander pendant des heures pour quelques kilogrammes de céréales. D’autres s’endettent pour trouver de quoi calmer leur faim. Et le plus frappant, c’est la situation de cette famille rassemblée autour d’un bol de gari à peine rempli à moitié.

Mesdames et Messieurs, Citoyens du monde, c’est la conjoncture au Bénin.

Depuis quelques mois, les prix des denrées alimentaires de première nécessité ont grimpé. Beaucoup de béninois vivent mal cette situation et d’ailleurs, nombreux sont ceux qui ne peuvent plus satisfaire comme d’ordinaire leurs besoins alimentaires. Selon le Programme alimentaire mondial (PAM), 2,3 millions de personnes, soit environ 23% des ménages béninois, ont une sécurité alimentaire limitée et 11% souffrent de faim modérée à sévère.

Au titre des raisons évoquées par le gouvernement pour justifier cette situation conjoncturelle, on note principalement la baisse de la pluviométrie. C’est une raison certes évidente, mais elle vient camoufler d’autres plus pertinentes.

Une culture saisonnière des produits de première nécessité

Au Bénin, les pratiques agricoles sont principalement pluviales et caractérisées par de petites exploitations. On n’y retrouve des plantations de maïs, du sorgho, du riz, du manioc, des ignames et de l’arachide comme principales cultures vivrières. En réalité, ces pratiques sont incohérentes face aux conditions météorologiques très variables que connaissent la plupart des pays d’Afrique en particulier le Bénin.

Au regard de tels bouleversements des habitudes de la nature, s’adapter devient une nécessité. A ce propos, il est important de souligner l’incohérence de la culture saisonnière des produits de première nécessité face au phénomène du changement climatique, qui perturbe les saisons pluvieuses. En effet, cette pratique agricole ne permet pas d’assurer une sécurité alimentaire à la population de plus en plus croissante. Pour des produits comme les céréales et tubercules, il conviendrait de les cultiver surtout à contre saison parce qu’elles constituent les bases de la consommation locale. Pour la réussite de cette entreprise, les pouvoirs publics ont une grande responsabilité en ce qui concerne l’accompagnement technique et financier des producteurs.

photo by Emmanuel via Iwaria

Les conflits agriculteurs-éleveurs

C’est un fléau récurrent au Bénin. Les conflits entre éleveurs et agriculteurs ont pris des proportions inquiétantes ces dernières années. Généralement, il s’agit de dévastation de cultures ou autres dégâts causés par le passage des bêtes, des bouviers transhumants. Au-delà des affrontements et échauffourées parfois dramatiques qui en découlent, c’est une perte énorme pour les cultivateurs mais également un déficit pour ce qui est de la quantité de produits à proposer à la grande masse de consommateurs

Photo by AMISOM via Iwaria

La production nationale est insuffisante pour assurer l’approvisionnement des marchés. Il y a donc de quoi s’inquiéter face à la recrudescence de ces situations fâcheuses, car elles viennent aggraver les effets du changement climatique sur la production. Les pouvoirs publics essaient tant bien que mal de prévenir le danger, mais des efforts restent à fournir pour pacifier les relations agriculteurs-éleveurs.

Un désintérêt pour le travail de la terre

Photo by Achraf via Iwaria

La terre perd de ses travailleurs. La plupart ont fui les villages pour peupler les villes du pays.  Certains sont devenus conducteurs de Taxi-motos, et ne retournent plus aux champs quand s’annonce la saison des pluies. Pour un chiffre d’affaire journalier qui oscille entre 4000 ou 6000 Francs CFA, ils quittent définitivement les plantations pour s’installer sur le bitume. Il suffit d’arpenter les rues des villes du Bénin en particulier celles d’Abomey-Calavi et de Cotonou pour voir à quels points ils sont nombreux, en chemise jaune, à se déployer sur le goudron.

Pour les autres, soit ils migrent vers les états voisins, principalement le Nigéria pour chercher un travail. Ou carrément, ils enchaînent de petits jobs à l’intérieur du pays. La dernière catégorie englobe tous ceux qui sont dans les collèges et universités, et qui aspirent exclusivement à la bureaucratie.

Pour ceux qui se dévouent à la terre et qui en font une activité professionnelle, ils sont confrontés à diverses difficultés.

Il revient au gouvernement béninois de prendre des mesures pertinentes pour une sortie définitive de crise. Il faudrait ramener toute cette main-d’œuvre dispersée dans les différentes filières de production Dans cet ordre d’idées, il serait souhaitable d’investir davantage dans les cultures vivrières, comme c’est le cas pour les cultures de rente (p.ex. Coton). Et de revoir ainsi les pratiques et méthodes de production. Par ailleurs, il serait aussi avisé d’instaurer des récompenses pour les meilleurs cultivateurs de produits vivriers de sorte à donner une motivation supplémentaire aux acteurs de ce secteur.

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