L’environnement naturel, victime collatérale des conflits armés
Depuis le début du XXe siècle, le monde a connu une explosion de situations chaotiques et de troubles sociaux. Résultat direct du comportement politique des divers acteurs de la société, ces événements malheureux n’ont pas manqué de faire pleuvoir la désolation sur les civils, d’augmenter les souffrances des populations et de semer la peur et le désespoir. Dans la plupart des cas, nous pouvons considérer ces faits comme les conséquences immédiates des conflits armés. Sur le long terme, un des plus grand dommage de cette situation touche directement « l’environnement naturel ».

En effet, les conséquences environnementales de la guerre sont primordiales. Elles sont durables et agissent dangereusement sur les écosystèmes. La Convention sur la biodiversité écologique définit un écosystème comme un « complexe dynamique formé de communautés de plantes, d’animaux et de micro-organismes et de leur environnement non vivant (air, terre, eau) qui, par leur interaction, forment une unité écologique fonctionnelle ». En d’autres termes, l’écosystème est un milieu physiquement délimité au sein duquel on retrouve des espèces animales, végétales et d’autres organismes vivant invisible à l’œil nu.
La baisse de population de certaines espèces
Les conflits armés entraînent un recours massif à des produits hautement toxiques qui affectent dangereusement l’environnement naturel. Ces conflits bouleversent l’équilibre des écosystèmes. Le Rapport 2019 de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques a estimé à environ 1 million le nombre d’espèces animales et végétales menacées d’extinction dans le monde.

Selon le Comité International de la Croix-Rouge (CICR), plus de « 80% des conflits se passent dans des milieux naturels« . Si ces endroits ne couvrent que 2% de la surface du globe, ils abritent près de la moitié de la flore et de nombreuses espèces rares. Ces espèces courent de grand risque d’extinction lorsqu’éclatent dans leurs milieux des conflits armés.
Des statistiques publiées par le CICR témoigne qu’en République Démocratique du Congo (RDC), « le conflit a éradiqué 90% des populations des hippopotames » en détruisant leur habitat naturel et en laissant le champ libre aux braconniers. Par ailleurs, au Mozambique, pendant les 15 ans de guerres civiles, le « parc national de Gorongosa a perdu plus de 90% de ses animaux « . Les « buffles africains sont passés d’une population de 14 000 individus à 100, et les hippopotames de 3 500 à 100 « . De 2 000 individus, la population des éléphants est descendue à 200, car leur chair servait à nourrir les soldats et l’ivoire était vendu pour financer l’achat d’armes, de munitions et de fournitures

Un cadre international de protection de l’environnement naturel
Le droit de l’environnement est l’instrument juridique par excellence de la préservation de l’environnement à l’échelle internationale. Il repose sur quatre (4) principes issus du droit international et des législations nationales. Le principe de prévention, le principe pollueur-payeur, le principe de participation et le principe de précaution. Ces principes ont joué un rôle majeur dans l’élaboration des politiques environnementales et continuent d’influencer la pratique des États et les négociations de règles conventionnelles. Toutefois, par honnêteté, il convient de souligner que le droit de l’environnement n’est pas totalement effectif en raison de sa faible application par les États.
Par ailleurs, le droit international humanitaire protège également l’environnement à travers ses dispositions générales complétées par une série de dispositions spécifiques. Les dispositions générales relatives à la conduite des hostilités en période de guerre énoncent des règles de protection de l’environnement naturel. Le premier protocole additionnel aux Conventions de Genève du 12 août 1949 interdit d’utiliser de « méthodes ou moyens de guerre qui sont conçus pour causer, ou dont on peut attendre qu’ils causeront, des dommages étendus, durables et graves à l’environnement naturel« . Il interdit également les attaques contre l’environnement naturel à titre de représailles.

Le Statut de Rome vient renforcer cette protection en caractérisant, dans son article 8 al 2 b IV, les attaques intentionnellement dirigées contre l’environnement naturel et lui causant « des dommages étendus, durables et graves » comme des « crimes de guerre » en violation du principe de proportionnalité.
Un environnement sain est un élément déterminant pour l’atteinte des 17 objectifs de développement durable. Les États et autres parties prenantes se doivent d’accélérer le pas et de redoubler d’efforts pour trouver de solutions durables à la pollution, au changement climatique et à la perte de biodiversité afin de transformer véritablement les sociétés et les économies.
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