Exercice du pouvoir d’État en Afrique noire : Top 7 des humiliés

Article : Exercice du pouvoir d’État en Afrique noire : Top 7 des humiliés
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7 septembre 2021

Exercice du pouvoir d’État en Afrique noire : Top 7 des humiliés

État de droit, paix, stabilité, développement. L’Afrique nourrit de nobles ambitions. Mais ses maux sont profonds. Les États d’Afrique sont pour la plupart malades de leurs leaders politiques dont la légitimité est fréquemment remise en cause par la population. Dans la plupart des cas, les conséquences sont immédiates. Mécontentement, soulèvement populaire, coup d’État qui conduisent à des crises socio-politiques. L’Afrique apparaît aujourd’hui comme le continent du monde le plus touché par les luttes armées ou les crises politiques porteuses de germes d’instabilité.

Dans ce contexte de méfiance de la société civile à l’égard des acteurs politiques, l’armée s’est révélé l’acteur social essentiel qui sanctionne les vices de la société. Un sentiment national en vertu duquel elle s’est propulsé au-devant de la scène pour sonner le glas des régimes autoritaires. Dans ce billet, je vous propose de découvrir un top 7 non exhaustif de certains chefs d’État africain en exercice déposés par les forces militaires ou chassés du pouvoir par leur peuple.

Top 7- Mamadou Tandja

Mamadou Tandja, ex président état du Niger

Mamadou Tandja est un ancien Colonel de l’armée nigérienne. Il s’est fait connaître à l’issue du coup d’Etat d’avril 1974 mené par le Général Seyni Kountché qui conduit au renversement d’Hamani Diori. En 1999, Mamadou Tandja devint président du Niger et sera réélu en 2004 pour un ultime mandat de 5 ans. Sauf qu’avant le terme de ce dernier quinquennat, il va dissoudre le parlement et la Cour Constitutionnelle et organiser un référendum très controversé lui permettant de gouverner trois ans de plus après l’expiration de son mandat qui devait s’achever en 2009. Mais c’était sans compter sur les Colonels Djibrilla Hima Hamidou, Harouna Adamou et Goukoye Abdul Karim dont les éléments vont encercler le palais présidentiel et renverser son régime le 18 février 2010, alors qu’il est en plein Conseil des Ministres avec son gouvernement. Mamadou Tandja est décédé le 24 novembre 2020 à Niamey, au Niger.

Top 6- Blaise Compaoré

Crédit : Wikimédia Commons

Il prit le pouvoir le 15 octobre 1987 à la faveur d’un coup d’Etat contre Thomas Sankara, son frère d’armes. Après deux septennats (1991-1998 et 1998-2005) complétés de deux quinquennats (2005-2010 et 2010-2015), Blaise Compaoré a voulu prolonger son mandat en annonçant un référendum portant sur une révision de l’article 37 de la Constitution du pays. Ce fut la goutte d’eau de trop. L’ampleur des mouvements de contestation et de désobéissance civile va contraindre « Monsieur bons offices » à démissionner en octobre 2014. Depuis lors, il vit en exil en Côte d’Ivoire. Une fin peu glorieuse pour cet homme d’Etat qui a dirigé le Burkina Faso pendant 27 ans, et connu pour ses compétences en médiation.

Top 5- Robert Gabriel Mugabe

Crédit : Wikimédia Commons

Son règne aura été long. Après 37 ans de pouvoir à la tête du Zimbabwe, le départ du pouvoir de Robert Mugabe semblait advenir qu’avec sa mort. Mais ce ne fut pas le cas. L’éviction de son vice-président Emmerson Mnangagwa, intervenu le 6 novembre 2017, au profit de Grace Mugabe, son épouse, aura anticipé sa fin. Dans la nuit du 14 au 15 novembre 2017, les forces armées prennent le contrôle du pays. Un bras de fer s’engagea au sommet de l’Etat. Le président Mugabe assigné à résidence surveillée refuse catégoriquement de quitter le pouvoir. Parallèlement, le Parlement est réuni pour voter la motion de défiance à son encontre. Pendant que les députés examinent la procédure de sa destitution le 21 novembre 2017, Mugabe enverra la lettre de sa démission à Jacob Mudenda, président de l’Assemblée nationale du Zimbabwe. Cette correspondance marquera la fin d’un règne qui remonte à 1980, année d’indépendance de l’ex-Rhodésie du Sud. Robert Mugabe est décédé le 6 septembre 2019 à 95 ans.

Top 4- Omar el-Béchir

Crédit : Wikimédia Commons

Arrivé au pouvoir le 30 juin 1989, Omar el-Béchir a dirigé le Soudan jusqu’en 2019, année de la chute de son régime. Tout est partie des mesures d’austérité imposées par son gouvernement qui ont entraîné une hausse des prix de certaines denrées alimentaires, notamment le pain dont la valeur a presque triplé. Ces mesures déclencheront des vagues de protestations massives dans tout le pays. Le soulèvement populaire se transformera par la suite en mouvement de protestation contre le régime lui-même, avec pour principal demande, la démission du président. À l’issue de plusieurs mois de manifestation, Omar el-Béchir est destitué à l’aube du 11 avril 2019 par l’armée soudanaise et envoyé en détention. Il est actuellement sous le coup de deux mandats d’arrêts internationaux émis par la CPI pour génocide, crimes contre l’humanité et crime de guerre commis au Darfour dans l’Ouest du Soudan.

Top 3- Idriss Deby Itno

Crédit : Flickr

Le rempart contre le terrorisme et l’instabilité dans le Sahel n’aura pas entamé son sixième mandat à la tête du Tchad. Idriss Deby Itno a succombé le 19 avril 2019 suite à ses blessures au front contre les rebelles qui tentaient de renverser son pouvoir. Les circonstances de sa mort demeurent pour le moins floues. La version officielle des faits renseigne que le maréchal aurait été atteint sur le champ de bataille par les rebelles du FACT (Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad). Mais des sources concordantes rapportent que le vétéran militaire n’aurait pas pu être aussi facilement atteint par des rebelles en déroute. Une fin soudaine et tragique qui tourne une page de trois décennies de pouvoir, marquées par de nombreuses tentatives de coup d’Etat et de pressions sociales.

Top 2- Ibrahim Boubacar Keita

Crédit : Flickr

Insécurité, clientélisme politique, gestion clanique de l’État aggravée par la mauvaise foi dont il a fait preuve dans le dialogue avec les leaders de l’opposition malienne ont conduit à son renversement par l’armée.

Au pouvoir depuis 2013, IBK s’est fait déloger du palais présidentiel par les hauts gradés de l’armée qui ont pris le pouvoir avec le soutien des leaders du mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP). IBK n’a pas été à la hauteur des attentes de l’opposition qui exigeait la dissolution du parlement ou à défaut, la démission des 31 députés dont l’élection était contestée et une réforme de la Cour Constitutionnelle. La mauvaise volonté affichée par IBK va conduire les leaders de l’opposition à revenir à l’exigence initiale, à savoir sa démission pure et simple. L’armée fera son entrée sur la scène à l’appel des manifestants pour évincer Ibrahim Boubacar Keita et ses proches acolytes, le 18 août 2020, au grand dam de la CEDEAO dont la médiation n’a pu empêcher ce putsch.

Top 1- Alpha Conde

Crédit : Wikimédia Commons

Le vaccin Doumbouya eut raison du variant Alpha. 11 mois seulement après sa réélection controversée pour un troisième mandat en Guinée, Alpha Conde est déposé de sa charge par les forces armées du pays. En fin de mandat, le désormais ex-président de la Guinée avait modifié la constitution du pays afin de participer à nouveau aux joutes électorales. Il gagnera son pari et sera réélu avec près de 60% des voix le 24 octobre 2020. Cependant, son règne sera très tôt écourté. Sa politique répressive à l’égard des opposants et les difficultés économiques du pays aggravées par la pandémie de la Covid-19 vont précipiter sa chute intervenue le 05 septembre 2021.

Cette liste de présidents ayant connu  une fin peu glorieuse n’est pas limitative. Vous pouvez partager avec nous en commentaires, les noms des chefs d’Etat d’Afrique Noire que vous auriez ajoutés à cette liste.

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Commentaires

Reine Octavia Gbodogli
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Très bon article.

Jean-Claude HOUESSOU
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Merci Reine.
C'est un plaisir