Entretien avec Anas Seko, l’activiste écologique le plus frais du Bénin

Article : Entretien avec Anas Seko, l’activiste écologique le plus frais du Bénin
Crédit: Mr Achraf via IWARIA
23 novembre 2021

Entretien avec Anas Seko, l’activiste écologique le plus frais du Bénin

La préservation de l’environnement est l’un des plus grands défis de notre époque. Partout dans le monde des jeunes s’engagent en faveur de la nature. Beaucoup d’entre eux militent pour un changement dans nos façons d’interagir avec le monde et ses éléments constitutifs. Anas Seko est l’un de ces acteurs du changement. Son engagement écologique au Bénin inspire beaucoup d’autres jeunes.

C’est un jeune homme polyvalent. Anas Seko est militant, communicateur environnement engagé, planificateur d’événement écologique et entrepreneur vert. C’est aussi un passionné des réseaux sociaux. Il a des compétences en social media management et en community management. Par ailleurs, c’est un amoureux de la photographie et de l’art qu’il utilise pour sensibiliser la population sur les problèmes de la société. Initiateur du concept « Mon Anniversaire Ma Patrie« , Anas Seko est le Directeur exécutif de l’association Excellence for Africa depuis 2020 et membre de plusieurs autres associations. Son engagement en matière de lutte contre la dégradation de l’environnement lui a valu deux prix spéciaux.

Le 23 novembre, jour de son anniversaire de naissance, il nous parle de son parcours écologique.

Anas Seko, bonjour ! Quel a été l’élément déclencheur de votre engagement en faveur de la nature ?

En classe de terminale au CEG (Collège d’Enseignement Général) Gbegamey en 2015, alors même que je n’avais pas une grande compréhension du mot « écologie », j’ai été choqué par l’attitude de mes camarades qui jetaient paisiblement leurs déchets dans la cour de l’établissement en dépit du fait qu’il y avaient des poubelles. Ils ne voyaient aucun mal à leur acte. Alors, avec une association que j’avais intégrée à l’époque, j’ai demandé à initier un projet de sensibilisation, qui nous a permis de rencontrer le directeur. Cet épisode a marqué le début de mon engagement en faveur de dame nature.

Parlez-nous un peu de vos débuts en ramassage d’ordures…

J’ai écrit mon premier projet sur la protection de l’environnement en 2015-2016. Après mon bac, j’ai voulu revenir dans le collège qui m’a formé pour contribuer au maintien de la propreté de son cadre. Mais cela n’a pas réellement prospéré. Cependant je n’ai pas abandonné. Je me suis orienté vers la photographie de la nature. En même temps, je travaillais avec le blog Adeyemi. Je me rappelle que j’ai dû faire face à l’adversité de certains proches qui ne partageaient pas ma vision, surtout le fait que je ramasse les déchets pour sensibiliser.

Fillet à la moue triste dans une décharge au Bénin
Crédit photo : Anas Seko

Personne n’était vraiment d’accord avec moi. Ma mère a même pensé que son fils devenait fou. Mais je ne me suis pas laissé distraire. J’avais une claire vision de la mission et je savais exactement ce que je voulais. Je n’ai pas étudié les sciences environnementales mais je me suis autoformé et j’ai déjà piloté quelques projets. Voilà en substance comment je suis devenu le ramasseur d’ordures le plus frais du Bénin.

Ramasseur d’ordures le plus frais du Bénin, ce surnom est le fruit de votre inspiration ou celui des personnes qui vous suivent ?

Anas Seko avec une pancarte
Crédit photo : Anas Seko

Je me suis surnommé le ramasseur d’ordures le plus frais pour des besoins de communication. L’appellation a par la suite trouvé un écho favorable sur les réseaux sociaux et est même reprise par plusieurs jeunes gens en ligne comme dans la vie réelle. En dehors de l’aspect communication, j’ai pris ce surnom surtout pour répondre aux personnes qui m’ont critiqué et qui ont essayé de me décourager dans mon engagement en faveur de la nature. Pour eux, c’est à croire que je me fais honte en ramassant des ordures pour préserver mon cadre de vie et sauver notre planète.

De votre activisme sur le terrain, pensez-vous que les Béninois-es ont le  sens de l’hygiène publique ?

Oh ! Pas vraiment. ils jettent leurs déchets par terre allègrement, urinent dans les rues, dans les caniveaux et utilisent abondamment des sachets en plastique qui polluent. Nous manquons d’écocitoyenneté et la plupart d’entre nous présentent une sévère lacune en ce qui concerne les thématiques de préservation de l’environnement. Beaucoup ne mesurent pas l’impact de leurs gestes sur l’environnement.

Nous vivons sans connaissance de la bonne gestion des déchets, ce qui n’avantage pas l’hygiène publique ni la préservation de l’environnement. C’est d’ailleurs pour corriger cela que nous avons lancé avec Global Action et Les tresseurs de corde une pétition pour l’intégration dans le système scolaire d’une discipline sur l’éducation à l’environnement et au développement durable.

Vous êtes apparus dans le reportage « Ganvié, patrimoine en danger » réalisé par le journaliste RI béninois Kuessi Ghislain Sossoukpè et diffusé sur Canal+ POP dans le Magazine « enquête d’Afrique ». Quelle est votre opinion sur la situation actuelle de l’embarcadère ?

Jeune homme photographiant une décharge au Bénin
Crédit photo : Anas Seko

Il y a une certaine avancée par rapport à 2019. Des poubelles sont disponibles, l’embarcadère est peint. Cependant, il reste encore à faire. Au fond, le problème de l’insalubrité n’est pour autant pas réglé comme on le voulait. Le lac est toujours pollué, les gens continuent de faire leurs besoins à l’air libre et les alentours de l’embarcadère sont aussi insalubres. Il semblerait que le gouvernement ait des projets à ce propos. Nous attendons voir.

Quelles sont les distinctions que vous avez reçues à ce jour pour votre engagement écologique ?

Le 19 décembre 2020, j’ai eu l’honneur d’être distingué Prix Spécial Activiste Environnement au cours de « La Nuit du Réveillon » organisée par l’association Mado Santé Plus en collaboration avec le Corc-Bénin. Ce prix est venu récompenser nos efforts pour la protection de l’environnement.

Par la suite, en juin 2021, j’ai reçu aux « Écolo Awards » organisé par la Fondation Gnidehoue, le Prix de l’Écocitoyen de l’année 2021 en reconnaissance de nos nombreuses actions en faveur de la lutte contre la dégradation de l’environnement. Par ailleurs, j’ai reçu un certificat de félicitation de l’association Excellence for Africa pour nos initiatives en faveur du développement communautaire au Bénin.

Cependant il est important que le public sache qu’il ne s’agit pas de participer au développement communautaire dans l’optique de recevoir un prix. Cela relève plutôt d’une profonde aspiration de changer les choses positivement dans l’intérêt collectif.

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Je travaille pour rendre l’écologie plus tendance, plus fun et simple d’accès. Et ce, à travers divers projets de marketing social, tout en créant un vaste réseau de jeunes engagés. Je travaille également sur la création d’entreprise verte, tout en cherchant à me spécialiser à l’avenir en communication environnementale en faisant des études. Comme vous le savez, je suis complètement autodidacte. 

Quel est votre mot de fin ?

J’invite tous les jeunes qui vivent au Bénin à participer à mes prochaines campagne de ramassage de déchets plastiques. Cette dernière campagne dénommée « NIQUE PAS TA MER » a eu lieu ce dimanche 28 novembre 2021 à la plage Erevan à Cotonou de 15h30 à 18 heures. Une manière de symboliser cette nouvelle bougie de plus en rendant service à ma belle-mère Dame Nature, qui m’a permis d’épouser sa fille la biodiversité.

Plage et mer
Crédit photo : Aimee via IWARIA
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Commentaires

KIKI Roméo
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J'aime l'acticle bien rédigé. 😍😍😍

Jean-Claude HOUESSOU
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Merci mon Grand