Au-delà de la violence

Article : Au-delà de la violence
Crédit: AMISON via IWARIA
14 avril 2022

Au-delà de la violence

Le coût humain des conflits armés ne se résume pas uniquement aux pertes en vies humaines. Loin de minimiser les effets mortifères de la guerre, notre démarche se veut d’aller au-delà de la violence exercée directement sur les personnes. En effet, les conflits armés perturbent l’accès à l’éducation et aux soins de santé. De même, ils impactent dangereusement les systèmes alimentaires provoquant le plus souvent une insécurité. Là encore, ce sont les civils qui subissent intensément les graves effets de la crise. Dans ce billet, nous nous sommes intéressés aux conséquences humanitaires durables des conflits armés.

La crise migratoire

C’est sans doute l’une des toutes premières conséquences humanitaires de la guerre. Eh bien, lorsqu’un conflit armé éclate, les personnes qui ne prennent pas part directement aux hostilités, notamment les civils, fuient les zones de combat. Il en résulte de grand mouvement de personnes. Selon l’intensité et l’étendue des opérations militaires, les civils changent soit de région à l’intérieur de leur pays ou, soit carrément, ils fuient vers les États voisins. Ainsi, plusieurs se retrouvent sans travail, sans toit et sans vivres. De toutes les crises qui ont secoué le monde durant les deux dernières décennies, la crise syrienne demeure celle dont les conséquences humanitaires continuent de provoquer choc et émoi.

Les données statistiques de l’ONU sur le conflit syrien sont saisissantes. “Près de 5 millions d’enfants nés depuis le début du conflit n’ont jamais connu la paix et 1 million d’autres enfants syriens sont nés en tant que réfugiés dans les pays voisins”. En outre, ils sont 6.6 millions de personnes à quitter le pays au cours de la dernière décennie. L’ONU a déclaré en 2020 que « près d’un réfugié sur 4 dans le monde est Syrien’’. Ailleurs, surtout en Afghanistan, au Venezuela, en Birmanie et au Soudan-Sud, la population civile a été obligée de migrer pour échapper aux violences. Selon le dernier rapport de l’Organisation, ce sont 82,4 millions de personnes qui ont été déplacées de force en raison des conflits armés en 2020. Parmi ces 82.4 millions, 26.4 millions sont des réfugiés.

L’insécurité alimentaire aiguë

L’insécurité alimentaire aiguë se positionne comme l’une des gravissimes conséquences humanitaires des conflits armés. Avec son corollaire la malnutrition, elles affectent les populations déjà fragilisées par la violence. Dans la plupart des situations chaotiques, il est difficile de prévenir les effets pervers de la crise surtout quand les combattants prennent en cible les sources de nourriture, forcent les habitants à quitter leurs terres ou “brisent les chaînes d’approvisionnement alimentaires”. En décembre 2020, dans 23 pays où il y avait des conflits et de l’insécurité, l’ONU a estimé à plus de 99 millions, le nombre de personnes qui étaient confrontées à des niveaux graves ou dangereux d’insécurité alimentaire aiguë. En Syrie, par exemple, « 60% de la population est en situation d’insécurité alimentaire”. Certains foyers ne comptent que sur le travail de leurs enfants pour survivre. Ces statistiques sont également alarmantes en Afrique

L’éducation hypothéquée

Les conflits armés éloignent de nombreux apprenants de leurs écoles. Actuellement, des milliers d’enfants de par le monde sont privés du droit à l’éducation. Par exemple, un tiers des écoles en Syrie ne peuvent plus servir de cadre d’enseignement. Elles ont été endommagées ou détruites pendant le conflit. Selon le CICR, 2 millions d’enfants syriens n’ont pas accès à une éducation formelle. Une détresse psychologique gagne les familles dont les espoirs sont anéantis.

Quand on considère qu’il n’est pas à la portée de tous de vivre à l’abri du besoin, même dans un pays avec une certaine stabilité, on réalise qu’il n’y a pas de juste mot pour décrire, avec toute la gravité nécessaire, l’existence des personnes qui survivent dans les milieux où la guerre a arraché des vies, brisé des rêves et anéanti des espoirs.

En Afghanistan, au Yémen et ailleurs, l’éducation est une victime collatérale de la guerre. Il en résulte une absence de progrès et de développement au sein des communautés desdits pays.

Les systèmes de santé fragilisés

Au même titre que les écoles, les établissements de santé sont également visés par des attaqués lors des conflits armés. Allant des bombardements aériens aux lances roquettes, les opérations militaires mettent à mal les infrastructures sanitaires. Il en résulte d’énormes dégâts qui paralysent leur fonctionnent. C’est ainsi que des hôpitaux, s’ils ne sont pas totalement détruits, se retrouvent privés d’eau potable, d’électricité et même de médicaments. De ce fait, l’accès aux soins de santé devient un sérieux défi pour la plupart des gens dans ces pays en proie à la violence. 

De plus, ils arrivent que des agents de santé soient directement agressés ou menacés de violence. En 2020, l’ONU a dénombré 182 agents de santé tués dans 22 pays touchés par des conflits comme au Burkina Faso, en République démocratique du Congo (RDC), en Somalie et en Syrie. Par ailleurs, près de 850 incidents de violence, de harcèlement ou de stigmatisation à l’encontre des travailleurs de la santé, de patients, de véhicules et d’infrastructures médicales en lien avec la COVID-19 ont été documentés par le Comité international de la Croix-Rouge entre février et décembre 2020.

Les civils souffrent terriblement déjà des effets des catastrophes naturelles pour avoir encore à subir les affres des conflits armés. Nos États doivent intégrer la paix dans leurs politiques et œuvrer pour son effectivité. Ainsi, ils arriveront à bâtir des nations fortes et prospères.

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Commentaires

Constant Odounfa
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Excellente description

Jean-Claude
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Merci mon Grand

MARIA ROSA BILOA
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Voilà une présentation exacte des péribles & conséquences de toutes ses violences multiples en Afrique et même dans le monde.